Tenghu

• Qualités : méthodique/intelligent/adaptabilité exceptionnelle(taux de survavibilité hors norme)
• Défauts : instable/onirique/narcissique/téméraire/tendances schizophrènes

Tenghu a l'apparence évidente d'un androïde, toute la surface de son corps est recouverte d'une peau synthétique laiteuse. Encore à l'état de prototype, elle est composée d'éléments de forme hexagonale issue des derniers développements en nanotechnologie et en biomécanique, et dont les propriétés lui confèrent une capacité de camouflage. A l'état neutre, cette peau semble recouverte de crystaux scintillants et lui donne l'apparence d'une de ces anciennes poupées de porcelaine. Tenghu est totalement imberbe et d'apparence svelte malgré son poids réel, conséquence des composants cybernétiques qui le constituent. Ces yeux, d'origine cybernétique, sont rouges, légèrement iridescents et avec la peau blanchâtre, lui donne un aspect albinos. Une partie de son cerveau, dont les lobes et le cortex ainsi que la moelle epiniere sont encore d'origine humaine, l'autre est un condensé de technologies issues de la recherche sur l'intelligence artificielle et l'ingénérie neurologique.

Tenghu est instable, c'est un prototype expérimental. Humain à l'origine, il participait à un programme qui devait faire de lui un homme capable de s'interfacer avec n'importe quel réseau numérique et pirater des informations mais au fil des succès du projet, Tenghu est devenu une arme sophistiquée, crée pour les opérations de subversion, le sabotage, l'assassinat et surtout, l'espionnage. Il est devenu un objet précieux, hors de prix et fait l'objet d'une attention excessive de la part de ses créateurs ainsi que des actionnaires du consortium à l'origine de sa création. La crainte autant que l'admiration qu'il génère chez ses géniteurs nourrissent insidieusement son égo, son narcissisme est exhubérant et le sentiment d'invulnérabilité qu'il ressent parfois le pousse à des actes téméraires mais tout cela n'est rien en comparaison de la part des ténèbres qui sommeille dans son esprit, exalté par ses capacités et la crainte qu'il produit, Tenghu perd parfois la raison laissant place à un démon cruel et sadique.

Tenghu n'était pas son vrai nom, c'était le surnom que lui avaient donné les ingénieurs du projet Morpheus. Ce nom trouve son origine dans la mythologie humaine, le tengu désignait dans les anciennes traditions des êtres supranaturels considérés souvent comme les messagers des Dieux mais agissant le plus souvent comme leurs chiens. C'était au final une bonne image pour le représenter ... il était devenu le chien de la corporation ancrée dans l’ultrapolis de Neo-Shinjuku.
Tenghu n'a plus rien d'humain ou presque, mais l'a-t-il jamais été? Il n'en est plus certain lui-même. Dans son dossier marqué du sceau du silence il est inscrit qu'il s'appelait autrefois Hirohito Takeda. Il faisait partie d'un groupe des forces spéciales mais Il ne participait pas aux combats ou aux missions offensives ciblées, c’était solitaire, travaillant de préférence à couvert : sabotage, espionnage, hacking et parfois meurtre, toute la panoplie des opérations de subversion et de collecte de renseignements lui étaient dévolus.
Le projet Morpheus, il l’avait rejoint il y a maintenant une vingtaine d'années. Pas vraiment volontaire, il avait été spécifiquement sélectionné sans connaître les réels objectifs du projet, il ne les a découverts que plus tard mais au final qu’importe, tout est si devenu flou pour Tenghu, anecdotique. Dans le dossier est inscrit que le but du projet initial était de créer une interface homme-machine ... ou plutôt homme-réseau. L'information était devenue une ressource cruciale et une arme redoutable. Celui qui la maîtrisera pourra anticiper le moindre des mouvements de ses adversaires, identifier les opportunités voir même porter les conflits chez eux. Tout cela avait le gout de la quête du Saint-Graal. Ils voulaient créer un être capable de se connecter à n'importe quel réseau et interférer avec lui.
On retrouvait dans ce consortium quasi tous les secteurs d’ingénieries : biomécanique, neuroscience, intelligence artificielle, nanotechnologie, physique quantique etc. Il était né de la collaboration entre la NeuroGrid Ltd , la Chiba Biotech, une obscure entité du nom de Motrix Dainamikku et quelques unes de leurs filiales les plus avancées technologiquement.
Au début il ne s'agissait que de pouvoir espionner et collecter des données sensibles. Mais les succès engrangés aidant les chefs du projet devenaient de plus en plus ambitieux. Ils en voulaient toujours plus pour en faire au final le chien des dieux, en témoigne une retranscription dans son dossier du briefing donné 20 ans plus tôt devant les actionnaires pour les rassurer sur leurs investissements :"il voit, écoute et agit dans l’ombre sans même que quiconque ne puisse le soupçonner et selon la volonté de ses maîtres, il apportera un message ou exécutera sa cible sans aucune hésitations". Tout a été progressif, après chaque mission, ils le modifiaient, l'amélioraient pour utiliser leurs mots, il n'était rien d'autre qu'un prototype. Il perdait un peu plus de son humanité à chaque mission. Le protocole était invariablement le même: une nouvelle prothèse est implantée, d'autres sont améliorées, le prototype est envoyé en mission et au retour les résultats sont évalués pour que de nouvelles améliorations soient proposées ou de nouveaux implants soient envisagés... Il était devenu un processus dans toute cette technocratie. Certes pour la corporation, il était un projet ambitieux et un objet précieux et certains diront à juste titre qu’il était trop précieux car à lui seul il représentait un quart du capital de la multinationale. Malgré les sommes colossales, il apparaissait discrètement dans les rapports financiers à la ligne "Projet Morpheus" sous l'identification "Tenghu Interface Unit Enhancement and Development", abrégé TIUED. Il est certain qu'ils sacrifieront tout pour ne pas le perdre.
Aujourd'hui, il est plus proche de l’androïde que de l’humain, tout juste en garde-t-il l'apparence. Il lui reste une partie du cerveau, le reste est remplacé par des cellules synthétiques plus performantes et ses capacités sensorielles sont hors du commun. La moelle épinière a été conservée car ils n'avaient pas encore réussi à remplacer intégralement le système nerveux, l'état des connaissances n'étaient pas encore assez avancé. Tenghu agissait encore avec les réflexes d'un humanoïde. Il bougeait deux bras, deux jambes, manipulait des doigts, regardait avec des yeux, écoutait, etc. tout cela était transmis via le réseau nerveux, c'est après que la technologie intervenait ... pour convertir ces signaux. Il était devenu le trait d’union entre la réalité physique de l’univers et l’immatérialité du cyberespace, basculant de l’un à l’autre sans sourciller comme si vous sortiez de chez vous pour vous rendre à l’épicerie du coin.
Tenghu est un joyau qu'on ne sort que si cela est vraiment vital. Il fallait que les décideurs n'aient pas d'autres options pour l'engager dans une mission. La plupart des vivants auront d’ailleurs peu de chance de le croiser que ce soit dans le cyberespace que le meatspace. A l’exception de l’équipe de projet et à de rares occasions, de quelques agents spéciaux soumis à la loi du silence et avec qui il collabore au bénéfice de la corporation, si vous croisez le Tenghu, peu importe le milieu, vous êtes sa mission et il y a peu de chance que vous en parliez un jour.
A aucun moment le projet Tenghu ne sera présenté comme un humain amélioré, officiellement c’est un androïde expérimental, extrêmement sophistiqué certes mais un simple androïde. Cependant, dans le cercle fermés des initiés, on en parlent comme du superturing. Les ingénieurs eux-mêmes ne sont plus certains des capacités réelles du Tenghu, et dans le vase clos du consortium des voix commencent à s’élever pour protester sur les derniers développements destinés à l'accession et l'exploration de l’e-darkmatter craignant de le rendre encore plus versatile et imprévisible : les relents d’un conflit en devenir avec les autres technocraties les poussaient à se développer à la pointe mais n’allaient-il pas trop loin ?
« …Tenghu était assis sur un siège ou plutôt, son trône. Le corps imberbe à la plasticité surnaturelle était posé comme une statue, à rendre jaloux toutes les œuvres helléniques ancestrales. Les tuyaux et autres fibres optiques qui dardaient de son corps finissaient de donner au personnage une allure surnaturelle, une de ses créatures tentaculaires venant d’ailleurs dont on cherche encore l'évidence. Son visage impassible balafré d'un sourire narquois et figé fixait l'espace devant lui. Les technocrates et autres ponces des consortiums dont il était la propriété entrèrent en file indienne, se poussant comme pour se donner une assurance. La chimère les effrayait, ses sondes olfactives ultrasensibles pouvaient renifler ces flagrances si communes à la peur et il y goûtait avec délectation. En apparence il restait impassible mais il jubilait, devinant l'assistant derrière la vitre sans teint, le doigt posé sur un bouton écarlate de la console de commande et de contrôle, prêt à le presser au moindre signe de menace qu'il pourrait laisser paraitre et lancer le signal de la destruction immédiate. Une autre assurance pour ces créateurs qui redoutaient de perdre le contrôle sur leur créature, jouer à dieu ne rendait pas l'âme plus apaisée. Pauvres êtres, bientôt il aurait brisé la glace dans la matrice et détourné les routines de destructions le concernant… bientôt … bientôt…maintenant… »