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 JackZ Omega / Eden Vangelis : Why do fireflies have to die so soon ?

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Yiéran Valrogh
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Yiéran Valrogh


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JackZ Omega / Eden Vangelis : Why do fireflies have to die so soon ? Empty
MessageSujet: JackZ Omega / Eden Vangelis : Why do fireflies have to die so soon ?   JackZ Omega / Eden Vangelis : Why do fireflies have to die so soon ? EmptyVen 26 Avr - 12:08

JackZ Omega a écrit:
Le plafond était noir, comme les murs. La pièce était recouverte d’un enduit d’isolement aux ondes. Aucun réseau de quelle nature qu’il soit ne pouvait pénétrer dans la cellule de JackZ et cela ne l’empêchait pas de baliser. Il ferma les yeux en ravalant un râle, crispant sa mâchoire de frustration pendant que Manty déployait inutilement ses talents de suceuse. Il bandait, c’était déjà beau. Mais il avait beau regarder ses lèvres en action venir s’écraser contre son bas ventre, constater l’joli minois IRL de la jhackeuse brouillé par le désir, son esprit n’était pas moins prisonnier de la matrice, perdu quelque part dans la matière noire. Qu’il rouvre les yeux ou qu’il les referme ne changeait pas grand-chose, Alpha persistait en phosphène dans ses rétines, dans sa psyché, dans son cœur et jusqu’à sa bite même. Il envoya une main agripper les tresses épaisses et multicolores qui ornaient la coiffure de Manty et lui releva la tête, plongeant sa focale bleu-néon dans l’regard brillant et brumeux de la gonzesse. Elle portait ses i-lens. « Arrête, » haleta-t-il, son regard à la fois dur et paumé dardant l’innocente d’une colère injuste. Elle le libéra en remontant un long coup de langue jusqu’à l’ogive armée, histoire de lui faire comprendre qu’il semblait pourtant bien parti pour s’amuser puis força de la nuque pour aller baiser le relief musculeux de ses abdos. « Manty. » Sa voix était rêche et effilée, dénotant parfaitement sa gorge sèche et l’état d’manque.

« Jackz. Relax, on a pas de sortie à faire pendant trois heures au moins. Rain nous avertira s’il y a quoi que ce soit. S’il te plait… » Elle semblait calme et savoir comment gérer la meatsuit de Carlisle, réputé pour n’entretenir qu’une sexualité désincarnée dans le cyberspace. Le comprendre, s’était autre chose. Personne ne l’pouvait, pas même en sémiosis. Après tout, JackZ était irrémédiablement disjoncté, disaient-ils. Il gronda quelque juron et se redressa sur un coude, dégageant sans ménagement la tête de la cybergoth. « Tu sais pas c’que j’ai à foutre. J’ai pas l’temps pour ces conneries », grogna-t-il bourru et hautement agacé avant de s’assoir sur le bord de la couchette. Il se redressa et remonta son fut ample, immanquablement déformé par l’érection fière que son corps se tapait malgré lui, regard voilé ton sur ton par les mèches bleu flash de sa chevelure. Manty ne fit pas d’autre commentaire, mais elle serra les dents très fort. Elle savait parfaitement qu’il était inutile de prendre la mouche et de se sentir blessée dans son être intime. C’était JackZ. Elle était désirable et n’avait pas besoin de remettre en question son sex-appeal ni sa bonne volonté. Mais quand même. Ça piquait l’égo.

Tout était bon pour plonger. JackZ se créait des imminences et des nécessités qui le déculpabilisaient, alors qu’il savait que sa santé demandait de ralentir le cyberchar. Mais quoi, quelque part il était responsable des milliards de crédits qui disparaissaient depuis le premier gap ouvert dans la glace de WorldNxT. Responsable de la décimation de l’équipage de Libertad Unida et d’autres opérations incompréhensibles dont il fut le témoin impuissant. Assister sans pouvoir agir était une amère expérience. Le simple fait de savoir, le rendait responsable. Le moment d’une petite plongée était venu, histoire d’aller délivrer une info et de faire le tour des glaces qui protégeaient les Am.i spaces de l’EZ. On n’sait jamais. Peut-être qu’il surprendrait une IA sur le vif ? Ou un jhacker assez cramé pour penser pouvoir briser dans les systèmes de sécurité d’une firme telle que la Pantocracy ? Dès que les capitaux dépassaient l’milliards ça gravitait autour, comme des fucking poissons près d’une barrière de corail. Ou peut-être qu’un gap s’ouvrirait devant lui et le happerait avant que son pare-feu n’air eu le temps de déployer le bouclier. Peut-être qu’il la verrait. Alpha. Manty le regardait, elle aussi témoin et impuissante devant lui, l’regard opacifié par les i-lens caressant les dorsaux de granites de JackZ. Elle en connaissait qui donnerait cher pour avoir pareille meatsuit. « JackZ, » osa-t-elle. Mais il semblait cristallisé, les poings serrés et les muscles pris de tremblements. Jusqu’à ce qu’il actionne son substrat et n’quitte le bunker de sa cellule, sans lui répondre. De fait, il ne l’avait pas même entendu.

Il y avait les nécessités préventives qu’il créait et les requêtes qu’on lui faisait. Amaury était directement joignable par les hauts kertaliens aux cotés desquels il avait grandi. Une boite simple et évidente protégée par la glace la plus dense qui soit. Forcément. Amaury.carlisle⊂wntx.gt. Généralement, ses correspondants ne se risquaient pas à détailler leur problème et se contentaient de le notifier d’un simple : « Need u, iced fruitcake », signé Valrogh, ou parfois un magistral « We shall request your help», signé Govoretski, tout dépendait des vieilles amitiés ou inimités personnelles. Mais les milliards de Kertz et crédits en jeu ne faisaient généralement que peu de cas des petites disputes de cours de récré. Cela faisait deux semaines que Vangelis lui avait demandé une info. Et cela faisait plusieurs mois que JackZ possédait la réponse. Mais comme rien ne pressait, il avait attendu, gardant précieusement ce service à rendre pour excuser une sortie qui n’aurait pas lieu d’être. Le CIO de l’Enklimacy commençait à se poser des questions à titre personnel sur les ambitions de la dynastie exilée en orbite. Ça n’était pas l’genre d’info qu’aurait lâché Amaury. Pas s’il n’avait pas été témoin du piratage le plus meurtrier qui soit ces derniers mois, mettant en OPA l’une des stations spatiales de Continental Brazilia. Aussi, il décida de raconter ce qu’il avait vu. Il fallait qu’il en parle à quelqu’un. Quelqu’un de sûr.

« Tu plonges ? » La question était éminemment rhétorique, aussi, reçu-t-elle une réponse méritée : « Nope, j’viens m’faire cuire des pâtes. » Halley pesta un rire en secouant la tête et JackZ fixa les dermatrodes à usage unique sur sa nuque et ses tempes. Il se laissa choir dans l’assise ergonomique qui lui moula les corps avec une avidité presque monstrueuse et entama les branchements, la fièvre et la hâte s’emparant de lui. « Simple reconnaissance », murmura-t-il, déjà absorbé. Halley évita de rétorquer le « c’est ce qu’on dit » qu’il avait au bout de la langue et demanda plus prudemment, profitant de l’état de lucidité de son boss : « Hey, tu peux me ramener un échantillon de la dernière glace de chez Symtec-Lab ? » JackZ arqua un sourcil et étira une grimace dédaigneuse. « Why tu veux leur dernière merde ? J’suis sûr qu’on peut voir les fissures à l’œil nu tellement sont nazes ». Il fouilla sous le siège et extirpa un tuyau de plastique opaque tandis que ses prunelles bleu flash pulsaient sur le jhacker au crâne rasé dont le monocle optique implanté reflétait l’affichage des holoécrans de la salle. Il renifla et rehaussa sa grimace en méchant sourire tout en vérifiant que le cathéter ait été changé. « T’aurais pas une passe à faire en rapport avec LitDefencer ? » Halley ricana comme un crétin pour toute réponse, du haut de ses deux mètres d’armoire à glace. « Wokay, j’te ramène ça. C’est sur mon chemin…»railla JackZ.

Les sociétés de sécurité Am.I, anciennement les bons vieux developers d’anti-virus, fricotaient toutes avec les jhakers pour « améliorer l’expérience » de leurs produits et faire des coups foireux au concurrents ; et les gueguerres profitaient au HackZ dispatchés sur la RZ : beaucoup plus chauds à tracer pour les agents desdites sociétés. WorldNxT était neutre et n’avait aucune obligation envers ce genre d’entreprise. Jackz retira le sceau garantissant la stérilité du cathéter et fourra les mains dans son fut, non sans grimacer de déconvenue l’temps de se le ficher dans le méat. Halley regarda ailleurs et s’abstint de tout commentaire. Se brancher pour la vidange ne signifiait qu’une chose : qu’on passerait plus de six heures en immersion. Le géant lui apporta son simulateur, l’aida à compléter les branchements et lui passa les dés au bout des doigts. C’était tellement plus simple avec un implant. Lui seul savait véritablement pourquoi il n’en voulait plus. Dès qu’il sortait de sa cellule étanche il lui semblait pouvoir sentir la pesanteur des Am.i bien que le réseau soit clairsemé loin de la densité que connaissaient l’EZ et la MB. Les satellites et les mobilbornes que les HackZ déplaçaient assuraient un accès stable à qui voulait slider, sur l’Hyperweb et dans le Cyberspace. Le simulateur était en veille et prêt à répondre à l’impetus cérébral de JackZ, monture personnalisée ne répondant qu’à son ADN et ses propres ondes alpha, comme en possédait tout jhacker qui se respecte. « I’m goin’ », feula-t-il avant de fermer les yeux, basculant aussitôt en sentant l’explosion d’un millier de bulles lui remonter le long de la colonne. C’était à cause de cette sensation que les sliders parlaient d’immersion et de plongée.

JackZ Omega rouvrit les yeux sur l’étendue mirobolante du cyberspace depuis l’un des points de login semi-aléatoire que générait son simulateur. Devant lui brillaient comme autant de supernovæs en plein effondrement, les activités et le trafic en temps réel dans les enchevêtrements d’Am.I Space attenantes. Il était en pleine EZ, près de la Globe Tower, en furtif bien évidemment. Il vérifia les routines des proI.A dont il avait la charge et fit le tour de la glace qui protégeait le système de la firme. Ça représentait des milliers de kilomètres d’altitude dans le cyberspace. Escalader le mont blanc IRL à mains nues était un jeu d’enfant à côté. Briser la glace de WorldNexT aurait dû rester quelque chose d’impossible et bien qu’une dizaine d’années se soit écoulées, la blessure narcissique était toujours vivace. Il flotta une bonne heure, fonçant allègrement à une vitesse vertigineuse et entreprit de se rapprocher de l’orbe de l’Enklimacy en ralentissant son avancée pour profiter du simple fait de plonger. Le hakama blanc modernisé, neo-Shinjuku style, ondulait comme un prolongement de son être en tenant lieu de jambes à son simavi, celles-ci se rematérialisant lorsqu’il se mettait à stationner ; ses contours se définissaient alors en une haute résolution, parefeu ossuaire bien ajusté à sa mâchoire, sabre brise-glace fouraillé dans le dos, sans soya pout le tenir. Tout était possible. Sa chevelure cascadait et flottait autour de lui en l’auréolant d’un bleu argent brillant et son regard souligné de nuance turquoise balisait les alentours à la recherche de quelque infrog ou trojan à pourfendre. Son simavi était à peine une sublimation de son apparence dans le meatspace. Il avait connu des jhackers avec un égo surdimensionné et dont les simavis customisés ne ressemblaient plus en rien à la personne irl. Les pro se prenaient très vide pour Dieu dans la matrice.

Inutile de faire durer le plaisir. Fallait qu’il crache ce qu’il savait. Now. Le Simulacre d’Amaury Carlisle se propulsa dans l’étendue immatérielle, torpillant l’espace sans aucune distorsion sur son passage jusqu’à atteindre la glace qui protégeait le grand loft de Vangelis. JackZ se fendit d’un sourire de joker en voyant les progs lui foncer dessus et se figer brusquement pour l’encercler sans le bombarder de codes. « Hello sweeties… » lança-t-il sans mouvoir ses lèvres. Les progs, retournèrent dans leur veille paresseuse. Amaury les avait développé lui-même et WorldNxT en avait équipé les résidences des partenaires de la firme. L’étendue de glace semblait sans fin devant lui et tandis qu’il la contemplait, une joie inqualifiable irradiait de son visage déformé d’un sourire inhumain. Il se fondit et devint translucide, épousant les codes de la glace, devenant lui-même glace en inoculant son eADN au système de sécurité. Le bleu de JackZ s’y dissout et colora le réseau en un embrouillamini de veinules bleutés qui se déploya à la vitesse de la lumière. Il le traversa. A un peu moins de deux-mille kilomètres de là, si l’espace géographique recelait encore un sens quelconque, le corps d’Amaury s’arqua et se tendit sur l’assise ergonomique, poignets et chevilles tirant avec fureur sur les sangles. Halley eut un commentaire railleur et garda son monocle vers le jhacker en plein trip immersif.

Le schéma de l’Am.I space des appartements cibles apparut à JackZ, dispensé d’une quelconque nécessité de matérialisation ou de représentation des balises envoyées : pour qui le ferait-il ? Il n’était pas en démonstration et personne ne le « voyait ». Dans un plan parallèle, l’IA domestique centralisée de l’appart, ainsi que tout le système de dogiciels, se désactivèrent après la création de point de sauvegarde ; ne laissant en veille que le conditionnement, la ventilation et le terminal d’Am.i. Les androïdes de Vangelis se figèrent et le collier de l’esclave émit un faible chuintement signant un déverrouillage intégral. JackZ n’avait pas fait dans le détail : toute device susceptible de déceler sa présence devait être neutralisée et cela avait toujours été ainsi. Aussi, lorsque tout s’arrêtait subitement de fonctionner et que le silence se mettait à régner, cela ne pouvait signifier que deux chose : une bombe EMP de magnitude énormissime avait été lâchée sur Kertapolis, ou, dans un ordre diplomatique bien moins dramatique, Amaury Carlisle venait vous rendre visite.

Apparaitre en plein milieu du meatspace en s’holo-matérialisant à partir d’un terminal d’Am.I était un fantasme que beaucoup caressaient et s’essayaient à réaliser. JackZ en avait fait une routine et se tapait même le luxe d’apparitions esthétisées. Fierté de jhacker à laquelle Omega sacrifiait. Lorsque l’écran du salon se mit subitement en veille, la grande baie vitrée se nimba de violents reflets bleutés et la pièce s’inonda d’une radiance de patterns fractals à la précision vectorielle. L’émission de lumière néon se concentra un instant, aspirée par un point unique à quelques mètres du terminal d’Am.i et fonça sur l’esclave telle une planète géante gazeuse libérée de son orbite. La présence vivante de la pièce était indiquée au jhacker en paramètres biométriques le temps que l’image de son environnement direct n'atteigne une netteté optimale, tout comme l’hologramme de son simavi.

Mais ça n’était pas Vangelis. Du moins, pas celui qu’il était venu voir. Le rayonnement bleuté disparut et l’apparition de JackZ se délimita derrière l’esclave, une faible iridescence indiquait la nature holographique du jhacker malgré la haute résolution dans laquelle il se manifestait. Suffisamment grand à taille réelle, il dut se courber pour observer le mutant : JackZ flottait dans une apesanteur contrôlée, effet d’immatérialité avec lequel il jouait. Le manche du sabre dépassait derrière ses épaules massives et le col noir de son hakama baillait éhontément en dévoilant un torse lisse et idéalement modélisé. Amaury n’était pas bien différent de son simavi, si ce n’étaient les ecchymoses qui le coloraient et les cicatrices de somatisation qui le striaient. Un pli de contrariété vint durcir ses traits et sa lèvre inférieure remonta en une bouderie improbable sur le visage sévère. Son regard sublimé d’un effet de khôl noir épais et souligné de turquoise était abaissé sur le gamin, parefeu osseux plaqué sur la maxillaire droite lorsqu’il articula d’un timbre métallisé qui se clarifia et s’humanisa instamment, ne serait-ce que par le ton de yakuza agacé avec lequel il s’exprima : « N’hurle pas. Je suis venu voir ton maitre. » Impossible de se souvenir du nom de l’esclave. La dernière fois qu’il l’avait aperçu, l’môme devait avoir 17 ans. « T’peux aller le chercher pour moi ? » demanda-t-il en se redressant pour reluquer vers l’issue de la vaste salle principale. Mais il savait parfaitement qu’il n’y avait personne, autrement une tâche rouge lui aurait indiquée l’émission de chaleur propre à la vie.

Sa focale vrilla aux coins peinturés de ses yeux, observant calmement la propriété du lord et son incompréhension se manifesta par un profond soupir. Il ne biterait jamais rien des lubies d’aristo. Des technocrates fortunés également. Le servage, certes, c’était une chose mais ça… Il captura le titre du livre malgré lui. “Why do slaves have to be at first ?” pensa-t-il tout haut, ses lèvres ne se mouvant pas tandis que la sémiosis dans laquelle il s’était exprimé s’était automatiquement traduite en phonèmes anglais. « Shit », s’excusa-t-il platement sans pour autant détourner le regard affirmé qu’il portait sur le boy. Sa beauté était presque féminine. Magnifique même. C’était surement ça. Pédérastre et esclavagiste. Mais il n’avait pas à juger et le savait parfaitement : lui-même n’était pas en reste coté extrême.

Eden Vangelis a écrit:

___Le soudain mutisme ambiant ne l’avait pas interpellé. Il s’était un court instant égaré dans les méandres d’une triste réflexion, sa rêverie l’ayant empêché de constater la nouvelle atmosphère planant lourdement dans la pièce. Son ouïe si aiguisée n’entendait plus les mécaniques pas des androïdes, habituellement couverts pas les voix de l’écran, celui-ci par ailleurs en veille à présent. Quelque chose d’anormal émergeait doucement et l’esclave était à mille lieux d’imaginer ce qui allait suivre. Peut-être aurait-il compris ce qu’il se passait s’il avait connu autre chose que les murs de cet appartement, en l’occurrence ce n’était pas le cas et rien n’aurait pu le rassurer en ce moment. L’imprévu bouleversait les slaves, ce n’était que monnaie courante, puisqu’ils avaient façonnés ainsi, aussi n’y avait-il rien de surprenant à ce qu’Eden se sente soudainement angoissé. Son livre de nouveau fermé, il avait agrippé ses propres bras comme si le froid l’assaillait, adoptant une position à peine recroquevillée alors que rien encore n’avait surgi dans le salon. Eden n’osait pas rompre le silence, une peur irraisonnée de voir quelque chose lui bondir dessus s’il le faisait, les secondes lui semblèrent des minutes et ce fut avec un magistral sursaut qu’il affronta les violents flash bleutés. Ses mains fébriles lâchèrent l’ouvrage où il avait précédemment enfoncé ses ongles sous la tension imposée par l’effroi, celui-ci tomba sur sa quatrième de couverture dans un bruit feutré, laissant apparaître le titre aux dorures usées.

___Et malgré la terreur qui lui tordit les viscères, le jeune n’avait pas lâché un seul mot, tout restait éminemment bloqué en travers de sa gorge serrée d’un étau anxieux. Pourquoi plus rien ne répondait ? La formation de la sphère ne le rendit que plus nerveux, pourtant Eden ne s’était pas retourné, il observait tout via la vitre, apportant une note d’horreur à la scène. Une seule seconde de latence, et l’orbe lui fonça dessus, il creusa les reins dans un réflexe craintif et se mordit la lèvre, attendant après une douleur qui ne vint pas. Il n’avait jamais observé un tel phénomène, c’était totalement inédit pour lui, toute sa peau s’était hérissée d’horripilation, un frisson fouetta son échine et son cou, les paupières devinrent humides. Quelque chose, ou plutôt quelqu’un, de bien plus grand que lui se concrétisa dans son dos, et il continuait ainsi à détailler l’apparition par le seul reflet que lui offrait le verre. Eden était si crispé et tendu que des crampes s’invitèrent dans ses épaules dénudées, le mutant écarquilla progressivement ses grands yeux vert, forcé de lever le menton pour accrocher ses prunelles à celles du nouveau venu. Il ne reconnut pas l’homme dressé derrière lui quand bien même lui l’avait déjà entrevu, tout ce qu’il savait, à cet instant, était qu’un inconnu se trouvait dans la demeure de son maître, à une proximité indécente de son corps, et ses paroles prononcées, sur cette voix grave et pénétrante, ne firent rien pour arranger les choses. Son maître n’était pas là, personne n’aurait dû venir, personne ne devait le voir ici et connaître son existence. Eden n’avait toujours pas fait volte-face, il était d’une rigidité incroyable et ne parvenait pas à détacher ses yeux du jhacker, comme fasciné par la beauté indéniable de son visage austère. A part son maître, il n’avait jamais eu le loisir de détailler un homme de si près, même à travers une vitre, un charisme écrasant se dégageait de l’étranger, l’acculant totalement, ce fut comme si deux mâchoires glaciales l’avaient happé dans une étreinte de marbre, telle était la sensation qu’insinuaient ses iris bleu électrique en lui.

___L’esclave était partage entre l’envie de fuir et celle de tomber à terre pour s’y rouler en boule et espérer se faire oublier, mais aucun de ses membres ne lui répondait. La panique avait remplacé toute idée lucide, si son maître apprenait qu’il s’était laissé voir, si son maître apprenait qu’un homme, même holographique, avait été si près de lui ; il passerait les pires moments de sa vie et récolterait un châtiment digne de la taille de sa faute, même s’il ne l’avait pas provoquée, il y avait toujours bonne excuse pour punir un slave. Alors pourquoi ne cessait-il pas de le dévisager ? Les pulsations du slave s’intensifièrent nettement après un temps placide, ses pupilles dilatées de crainte, des tremblements s’emparant de lui ; il ressemblait à une petite proie piégée, un gibier pris en joue, le couteau sous sa gorge aux jugulaires battantes. Il semblait si fragile, si prêt à se briser en deux si on le bousculait un peu trop fort, à gémir à la moindre main levée. La tête bourdonnant de son pouls trop puissant, les veines gonflées sous sa peau dorée, une froide aiguille pénétra sa moelle épinière et il se cambra lentement sans quitter JackZ des yeux. Etait-ce vrai ? Il avait un dernier espoir d’avoir trop rêvé, que son esprit lésé se soit mis à délirer. Très lentement, Eden baissa le regard et commença à se retourner, quittant la vision moins nette de la vitre pour l’affronter directement maintenant. Il retraça la silhouette de bas en haut, s’horrifiant de découvrir la musculature du mâle, une gêne lui contracta l’estomac. Il heurta à nouveau, et avec beaucoup plus de violence psychologique, ses yeux bleus, les siens s’emplissant d’une angoisse irréfragable, un soubresaut le secoua et il retint une pathétique plainte.

___Cela pouvait paraître démesuré. Mais pas pour un malheureux slave. Pas pour quelqu’un qu’on gardait farouchement retranché du monde, sans défense. Eden était incapable de rester maître de ses émotions, et incapable d’expliquer la catastrophe venant d’être lâchée dans son salon, et dans son âme. Apeuré, le visage tiré d’un sentiment tourmenté, il voulait pourtant être sûr de ne pas devenir fou. Alors, dans des spasmes qu’il n’aurait su calmer, il porta ses fins doigts vers le responsable de son malaise, fixant plutôt ses épaules, approchant ses phalanges frémissantes de sa gorge. Il avait une arme, qu’il reconnut être un sabre japonais, renforçant son impression d’imaginaire ; Eden n’était qu’un enfant. Un enfant qui tremblait de tout son être. Lorsqu’enfin, le bout de ses phalanges effleura délicatement la courbure de son cou, Eden tressaillit remarquablement ; un froid irréel perça son épiderme, remontant le long de son mince bras en même temps qu’une électricité statique. Il l’avait traversé, traversé, oh mon dieu, que se passait-il ? Décontenancé, désarmé, le mutant recula brusquement, il se cogna fortement contre la vitre, si fort que l’impact ouvrit le collier désactivé, l’objet quittant son support et tombant entre leurs pieds.

___Profondément choqué, l’esclave arrondit les yeux, un drame imminent posé à-même le sol. Son collier. Il ne l’avait plus. Il était là, par terre. Pas une seule fois depuis son asservissement il ne l’avait quitté, c’était la première fois qu’il goûtait à la liberté de ne sentir aucun poids autour de lui, aucune laisse, aucune entrave physique. Mais il ne s’en réjouit aucunement, son air alarmé ne laissant planer aucun doute. Eden ne contrôlait rien, il ne comprenait rien, il n’était qu’un gamin en déprise, dont la stabilité mentale se dégradait. Son propre souffle devint laborieux à force de vouloir chasser des larmes venues tout de même surligner le bord de ses paupières, il était en train de craquer, on pouvait aisément le lire dans ses iris larmoyants, le percevoir dans sa respiration de plus en plus rapide, le deviner à ses jambes prêtes à fléchir, la détresse épousant chacun de ses mouvements saccadés. Eden se mit à genoux près du collier, et devant l’étranger, le ramassant, s’exprimant enfin ;

___« Vous—vous ne devriez pas, vous ne devriez pas, répéta t-il avec difficulté, être ici, si mon maître, si mon maître l’apprend—l’apprend, ses mots étaient entrecoupés par ses pitoyables sanglots, s’il—s’il voit que je n’ai pas mon—mon collier, s’il le voit, s’il le voit, pleura t-il avec douleur, des larmes s’écrasant sur le bijou de fortune. »
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